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LA MAISON

de reconnaissance envers le Ciel qui nous protège encore.

Dans l’âtre de ville, la petite bûche de hêtre jettera soudain plus d’éclat. Gardant le silence nous continuerons notre promenade parmi ce qui sera devenu des souvenirs. Nous reverrons le sous-bois, le sentier feutré et moussu, où nous nous en allions en file indienne ; nous reverrons la mauvaise digue du barachois… Aurons-nous alors découvert ce que nous rappelle l’odeur des énormes poutres de pin qu’il faut enjamber ? Reverrons-nous, de l’autre côté de la lagune, la belle pente boisée qui mène au tennis ? Réentendrons-nous le choc des balles sur les raquettes, les cris de triomphe ou de colère des jeunes ? Ah ! le doux arôme qui se dégage des sapins chauffés par le jour ardent ! et l’aspect du ciel entre les troncs noirs, et de cette lointaine montagne bleu foncé qui s’appuie à l’horizon, et qui, en réalité, n’est que la mer au delà de la dune.

Nous reparlerons de tout cela. Notre bûche de ville pétillera de son mieux. Mais ce sera l’hiver. Il n’y aura probablement plus de fleurs dans les vases, et nous repenserons aussi aux jours où nous revenions de nos promenades les bras remplis de verges d’or, de grandes feuilles de sureau.