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AUX PHLOX
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paraît rejoindre une belle façade jaune, de l’autre côté.

Mais vous découvrez vite que la rue, au lieu de finir, plonge abrupte, au fond d’une grande vallée où des routes se croisent, où fume parfois le train, où s’alignent des chalets aux couleurs vives au bord du ruban bleu et noué de la Rivière-du-Nord.

Et la petite rue déserte, de son sommet dévale émerveillée vers ce grand creux qu’entourent de si imposantes montagnes pelées par l’automne, jumelles ou diverses, épointées, arrondies, touchant le ciel ou se dessinant sur d’autres cimes qui, plus loin, se dressent d’un extraordinaire bleu. Çà et là se niche un toit dans la vaste solitude, et, le soir, une lampe marque de sa lumière le grand cirque assombri.

La lumière dans la montagne, la lumière dans la montagne déserte, immense et noire, où règne souverain, le grand, le riche silence…

8 novembre 1935.

V

Les pas perdus

Je n’ai aucune peine à me rappeler la route, cette route que nous suivions le plus volontiers en quittant la Chaumière pour la promenade.