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LA MAISON

C’était une route large, sinueuse, montante, bordée un moment par le lac, et qui s’enfonçait ensuite entre les montagnes. Les derniers jours, un peu de neige la blanchissait ; les premiers jours, une multitude de feuilles jaunes la doraient.

Un trottoir la festonnait jusqu’à cette longue maison grise, dont les habitants inconnus et étrangers nous semblaient des heureux. Par les fenêtres aux rideaux clairs, nous apercevions le grand feu qui brûlait dans la cheminée. Un valet passait d’une salle à l’autre en vareuse blanche. Un jouet d’enfant traînait parfois dans l’allée et le grand jardin descendait en pente douce vers le lac.

La route montait, tournait. Toutes les autres villas étaient closes et la route s’allongeait déserte. Même très froid l’air avait une douce saveur ; il allégeait, rendait content. Des mélèzes qu’en septembre nous avions tant admirés, se dressaient enlaidis et nus ; mais les bouleaux sont aussi merveilleux sans feuilles ; voyez le dessin souple, divers, de la dentelle tissée par leurs branchettes et l’éclat de leurs troncs blancs.

Dépassant une luxueuse villa en bois rond, qui trop loin du lac, possède sa propre piscine, dans le cadre fleuri de son jardin, nous cessions ordinairement d’avancer pour jeter en arrière