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AUX PHLOX
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avait rencontré un jeune homme et s’était fiancée. Dans les lettres qui suivirent, elle ne parla plus que d’amour, de bonheur, de Pierre ; Christine s’attiédit peu à peu. Elle n’aimait, elle, personne, et ne songeait pas, si jeune, à se marier. Elle cessa un jour de répondre.

Mais depuis qu’elle était à Paris, elle se souvenait souvent d’Isabelle. Quelques jours auparavant, elle lui avait adressé une carte postale. La carte avait atteint Isabelle, qui avait changé de nom et de domicile. Elle avait répondu qu’elle était depuis longtemps mariée et mère de deux petits enfants, et qu’elle serait bien heureuse si Christine venait goûter chez elle le samedi.

Le samedi était arrivé. Christine allait voir Isabelle. Comment la trouverait-elle ? Ressemblerait-elle encore aux portraits qu’elle lui avait envoyés ?

Christine passe devant le Panthéon et s’engage bientôt dans la rue des Ursulines. Une concierge comme toutes les concierges lui dit de monter au cinquième. Malgré sa jeunesse, Christine n’aime pas tous ces étages. Au Canada, les maisons sont rarement si hautes. Lorsqu’elles le sont, il y a l’ascenseur, le lift, comme on dit à Paris.

Elle l’atteint tout de même, ce cinquième, et sonne, le cœur battant. C’est Isabelle qui