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LA MAISON


Romance et réalité

Après cette rencontre, Gabrielle, amusée, mais regrettant les chimères de son adolescence, s’est remémoré ce soir du passé où elle avait entendu pour la première fois ce nom : Gilbert Longpré.

Au fond de sa mémoire elle a revu nettement la chambre bleue de ses cousines et le coucher de soleil coulant ses rayons au-dessus des toits et des cheminées, jusqu’à cette grande fenêtre du quatrième, près de laquelle elle s’était assise.

Elle avait alors quinze ans. Elle portait encore l’uniforme noir à rabat blanc des élèves de couvent. Une fois par semaine, elle soupait chez ses cousines qui habitaient près de l’Université. Elles se rendaient au cours ensemble, et c’était plus commode.

Les cousines avaient aux yeux de Gabrielle un grand prestige ; elles sortaient avec des jeunes gens, elles allaient au bal ; la guerre battait son plein et elles étaient marraines de soldats.