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AUX PHLOX
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ou rêvant à la musique tendre des Vaines tendresses. Tout cela était si beau. La vie contiendrait tout cela, leur donnerait autrement tout cela. Un jour, elles seraient pour quelqu’un des princesses lointaines. Pas tout de suite. Ce temps était reculé. Mieux valait. C’était si bon d’attendre, d’espérer. C’était la Porte d’or, au loin, à l’horizon. Jusqu’à cette porte s’allongeait une avenue où elles s’avançaient en rêvant, en riant, l’enthousiasme, l’ardeur, illuminant leurs yeux.




Et les beaux après-midi du dimanche passaient. Soudain, un enfant sortait de la maison en criant : « Souper ! »

Elles répondaient : « Va-t-en donc ! », incrédules, certaines qu’il voulait les mystifier.

Leurs yeux qui n’avaient pas quitté les petites lignes noires de leurs livres de tout l’après-midi, s’écarquillaient. Elles voyaient jaune, gris ; des rondelles lumineuses bougeaient drôlement sur les choses. Puis elles retrouvaient la véritable couleur du temps. Ce n’était plus celle de midi, c’était la fin du grand jour ; six heures.

Si elles n’avaient pas terminé leur roman, elles protestaient mais se consolaient vite en se communiquant leurs impressions sur la fin heureuse ou malheureuse des différentes idylles.