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LA MAISON

gaz palpitant. Un soir, insoumises ou distraites, elles le suivirent jusqu’à la côte de la rue Saint-Hubert. Elles se crurent perdues.

Quand elle était au lit, Marie-Thérèse se délectait à entendre le bruit qui continuait ; le roulement des tramways, des voitures, tout cela offrait à la petite campagnarde la saveur d’un jour continué. Elle oubliait qu’elle embarrassait probablement ses cousines et décidait de demeurer en ville longtemps.

Mais un matin, sa mère débouchait à son tour de la rue Saint-Hubert. La marraine disait :

— Eh bien, Hélène, ta fille est ici. Le savais-tu ?

Pour sûr, qu’Hélène le savait puisqu’elle venait la chercher. Et aux remontrances de sa sœur aînée qui la taxait d’imprudence, Hélène répondait :

— Mais elle a un ange gardien, cette enfant-là. A-t-elle oui ou non un ange gardien ?

On ne pouvait pas dire qu’elle n’en avait pas. Et Hélène était imprudente, mais priait beaucoup. Alors les anges manifestaient envers elle et sa progéniture une condescendance particulière. Les anges accomplissaient pour elle ce qu’ils n’auraient fait pour personne.

La journée d’Hélène s’avérait un triomphe pour sa fille. Toute la bande des cousines l’accompagnait dans les magasins. Chez Letendre,