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AUX PHLOX
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Randonnée

Notre amie ne semble pas remarquer à quel point nous la trouvons heureuse de posséder pour elle seule cette belle voiture, d’avaler les routes avec un tel élan. Veut-elle voir aujourd’hui le lac Simon ? ou demain le lac Meach ? ou encore Kingsmere ? Elle est prête, toujours, rien ne l’arrête ; et doucement, celles qui ont des chaînes, les secouent, font de tendres adieux et montent aussi dans le char ailé…

L’été est si beau dans les montagnes ! Les arbres ont des feuillages si verts et l’odeur des pins est si enivrante. Les rubans des routes montent, bouclent, s’allongent, zigzaguent. Par-ci, par-là, un pont rouge enjambe l’eau claire d’une rivière. À mesure que l’on s’élève, l’air se fait plus léger. Nous avons laissé à la ville l’humidité collante et lourde, qui tranquillement, rongeait notre bonne humeur comme une rouille. Et soudain, nous sommes si gaies que nous chantons.