Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[90]
LA MAISON

Pourtant, Dieu sait si nous ne chantons plus jamais, si les airs d’aujourd’hui nous sont étrangers. Et alors, riant, nous sortons des tiroirs oubliés de notre mémoire, toutes ces folles chansons de Chaminade qui enchantèrent les brèves heures romanesques de notre vie.

Nous chantons :

Tes doux baisers sont des oiseaux,
Qui voltigent fous sur mes lèvres…

Nous chantons :

Toi que j’ai rencontré au bord des flots amers, inconnue,
Toi qui pour te bercer au rythme de mes vers, m’es venue,
Voici que je t’adore et je ne sais pourquoi, et je rêve,
De t’avoir quelque jour, assise auprès de moi, sur la grève…
Je voudrais te parler d’amour sur un rocher solitaire, etc.

Nous chantons. Mais nous n’avons plus la gravité de nos dix-huit ans ; nous mettons des accents exagérés, nous laissons filtrer de l’ironie, dans les notes les plus longues, les plus savantes. Et quand la chanson s’achève, nos éclats de rire forment comme la finale de l’accompagnement.

— En savons-nous d’autres ?