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LA MONTAGNE D’HIVER

Ils atteignirent le remonte-pente. Idéal, celui-là, avec son bras sur lequel vous vous appuyiez solidement le dos, et qui vous tirait lentement sur vos skis jusqu’au sommet. Plus lentement que le « câble », trop lentement même, au gré des plus jeunes, mais vous vous éleviez et, peu à peu, la vue du paysage changeait.

En haut, tout le monde se groupa un instant pour admirer les brillantes couleurs du village niché dans le creux blanc de la vallée.

— Une image comme celle que Walt Disney invente, déclara quelqu’un.

Les sentiers inconnus attiraient. Une jeune fille enthousiasmée partit la première, entonnant d’une voix contenue l’Hymne à la Joie, de la 9ème Symphonie.

« Coïncidence heureuse, se dit Madeleine. Voilà une belle réponse à mes réflexions ».

Le chant cessa d’être timide, la voix remplie d’ardeur s’amplifia. La veille, le tourne-disque avait répété jusqu’à satiété ce chœur magnifique.

La clarté du sous-bois était moins grande que celle qui avait baigné La Solitaire, mais les courtes ombres de l’heure, semaient la neige vierge de plaques bleutées. L’étroite piste fut bientôt enserrée par de minces bouleaux. Le plaisir du ski différent, était également savoureux. Souvent, le skieur se sentait emporté dans une faible pente par le sol subitement accidenté.

Le chœur achevé, auquel s’étaient mêlées presque toutes les voix, ce fut l’enchantement du silence. Même l’enfant s’était tu.