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LA MONTAGNE D’HIVER

Dès qu’elle eut franchi le seuil, elle ajouta :

— Que cette maison est agréable. Il me semble que je me sentirai bien, ici…

— Je l’espère. Et tu vas bientôt comprendre ce que personne, à peu près, n’a compris. Comment j’ai pu abandonner Montréal, mon milieu, mes amis. Ce village a un charme unique, tu verras.

— La maison aussi…

Le salon recevait la lumière par trois côtés, et la plus grande des fenêtres encadrait des champs bien blancs, qui dévalaient vers l’agglomération des habitations groupées autour de l’église et du couvent. Le bourg était bâti sur une butte, au milieu de la vallée que cernaient entièrement les montagnes. Le ciel se rabattait comme un globe sur ces beaux sommets ininterrompus.

— Le cercle est parfait. On dirait qu’il n’y a pas de route pour sortir !

— Et cette vue, ce n’est pas le moment de son apothéose. L’apothéose, c’est l’après-midi, quand le soleil est déjà caché par les hauteurs, et que les champs noyés d’ombre entourent un village que des rayons roses, — se faufilant entre deux sommets, — illuminent comme un réflecteur. Tu verras…

Louise indique les côtes de ski les plus connues, celles de l’est. Les remonte-pentes, les pistes, y tracent parmi les surfaces boisées, d’étranges dessins blancs.


Le salon était grand, avec des fauteuils couverts de cretonne légèrement fanée. Le tissu multicolore égayait le blond des murs en pin noueux, et le ton neutre du tapis. Il y avait beaucoup de lampes de différentes teintes, ni démodées, ni strictement au goût du jour. Devant le sofa,