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LA MONTAGNE D’HIVER

— La journée est splendide pour t’accueillir, Madeleine.

Elles dominèrent bientôt les palissades de la patinoire, derrière l’église.

— Le vicaire est à l’œuvre, dit Louise. Il n’y a pas assez de neige pour le ski, mais la glace est excellente.

Un grand jeune homme en béret et en blouson, balayait le rond tout en patinant avec entrain. Madeleine vit sa soutane qui claquait au vent. Des gamins travaillaient plus ou moins efficacement avec le prêtre. Ils se chamaillaient plutôt. Une petite voix criait au secours :

— Monsieur le vicaire, monsieur le vicaire…

Les enfants étaient vêtus de parkas et dans la bordure de fourrure des capuchons, ils ressemblaient à de jeunes esquimaux avec leurs figures bronzées.

— Le vicaire est d’une grande patience avec eux. Il en est touchant. Au fait, as-tu tes patins ?

— Mais non. Je n’ai pensé qu’à mes skis.

— Dommage. Avec les caprices de nos hivers, les patins servent aussi. Ces petits diables le savent. Regarde-les évoluer. Il est vrai qu’ils ont tous l’ambition de ressembler à Maurice Richard. Le Principal de l’école me disait que cela pose un problème. Les tendances intellectuelles sont moins fortes que les goûts sportifs.

— On est si heureux dehors, par un temps pareil…

— Eh bien, je t’y mettrai de bonne heure tous les jours ! comme on fait avec les enfants. Je ne te permettrai de rentrer que pour les repas. Il faut que tu reprennes tes forces. Et un certain bonheur, malgré tout.

Madeleine aurait voulu sourire à Louise, l’approuver, mais ses yeux se mouillaient, sa gorge se serrait. Elle garda un moment de silence, puis détourna la conversation.

— Pourquoi appelez-vous votre bonne, votre miracle ?