Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/277

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— Ton âme se déchire ; & voilà ta pensée
Qui sombre sous l’amas de tes rêves sanglants.
Ceint aussi d’un reflet de pourpre sur les flancs,
Aux dernières lueurs de ta gloire passée,
Homme ! à travers tes jours tu marches à pas lents.

Tu fouleras bientôt l’herbe des sépultures !
Aux becs des vieux espoirs donne un dernier repas ;
Féconde encor le champ des douleurs ; ne crains pas
L’horrible hurlement dans les gerbes futures
Dont tu pressens déjà les échos sous tes pas !

Fouille en ton sein la cendre encor chaude & vivace ;
Aux vents froids de la vie ouvre ta large main ;
Et, dans la calme nuit qui couvre ton chemin,
Vengé, vers le tombeau tu peux tourner la face,
N’ayant plus rien au cœur pour y semer demain.




LE VIEUX SOLITAIRE


Je suis tel qu’un ponton sans vergues & sans mâts,
Aventureux débris des trombes tropicales,
Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
Sur l’Oéean sans borne & sous de froids climats.