Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/132

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O Dieux qui me l’offrez à l’angle du chemin,
Vous avez mis sur elle un charme plus qu’humain !


SCÈNE III.

HIPPIAS, DAPHNÉ.


DAPHNÉ, devant le temple.

J’ai cueilli le dictame illustre entre les plantes
Et les tiges en fleur des herbes consolantes.
J’en veux faire un breuvage, afin de secourir
Celle dont je suis née et que je vois mourir.
Christ, messager divin de la bonne parole,
S’il est vrai qu’à ta voix l’essaim des Dieux s’envole
Et qu’Apollon n’est plus le divin guérisseur,
Jésus, roi languissant aux yeux pleins de douceur,
Puisque ton règne arrive, il me vient l’espérance
Qu’un Dieu qui sut souffrir sait guérir la souffrance.
Maître, sauve ma mère : elle est des tiens aussi.
Et donne-moi l’époux que mon père a choisi.

HIPPIAS, faisant quelques pas vers elle.

Daphné, ma douce gloire et toute mon envie,
Vois l’homme qui sera la moitié de ta vie,
L’époux promis selon les usages anciens.
Il est là, viens et mets tes deux bras dans les siens.

DAPHNÉ.

Oui, c’est toi ! Ce n’est pas ton insensible image,
Cher Hippias, qui vient raconter ton naufrage.