Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



INTROÏBO


Malade et seul, n’ayant pour m’aider à souffrir
Ni les soins maternels ni l’espoir de guérir,
Blessé d’un chaste amour, et contraint de me taire
Comme si je brûlais d’une ardeur adultère,
Incapable de vivre, hélas ! de plus en plus,
J’attends venir les jours et les maux dévolus.
Je ne chercherai pas un secours à mes peines
Dans le fragile appui des amitiés humaines ;
Mais, voyant resplendir au travers de mes pleurs
Le Signe qui console en de telles douleurs,
J’entrerai dans l’église où va ma Bien-Aimée
Répandre aux pieds du Christ son âme parfumée.
Christ ! quand verrai-je aussi votre ciel entr’ouvert ?
Si j’ai beaucoup péché, mon Dieu, j’ai tant souffert !
Le désir de la chair et l’orgueil de la vie
Commandaient durement à mon âme asservie.
Mais le jour et la nuit j’ai crié devant vous !
J’ai détesté ma faute et j’ai béni vos coups.
Si vous ne voulez pas qu’à la fin je succombe,
O Seigneur ! donnez-moi des ailes de colombe,
Je volerai vers vous et me reposerai…
Et toi, Prêtre, vieillard dont le geste sacré
Fait descendre le Verbe en la double substance,