Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/359

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Ont traîné dans mon sang l’honneur de ma vieillesse !
Et celui-ci — dont l’œil rit d’une fauve ivresse —
Piétinait mon enfant massacrée, embrassant
Dans la mort son époux qui l’inondait de sang ;
Et dans ce sang, coulant à flots de la poitrine,
Ses cheveux d’or flottaient, comme une algue marine
Sur les flots d’une mer sombre, que le Soleil
Déclinant ensanglante à l’horizon vermeil.
Alors, des bras hideux, me prenant sous l’aisselle,
M’ont soulevé de terre et fait marcher sur Elle,
Et des mains ont forcé mes pieds à s’y poser,
Horreur ! — et j’ai senti ses lèvres me baiser,
Baiser ces pieds, rougis dans son sang adorable !
Ah ! si Dieu m’a laissé vivre, si misérable,
S’il prolonge mes jours parmi mes assassins,
C’est qu’il sait ce qu’il veut et qu’il a ses desseins ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Castelnau-sur-le-Lez. — Mas-du-Diable. 1875.