Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/202

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    Et de bestes d’après nature !
    Que je voy d’un œil satisfait,
    Là, ces vanitez en peinture ![1],
    Qui sont vanitez en effet[2].




  1. Icy chaque homme a son image[3],
    Chaque femme a la sienne aussi,
    Chaque tout a son raccourcy,
    Chaque ville a son paÿsage ;
    Chaque paÿs a son pinceau,
    Chaque élément a son tableau[4] ;
    On y voit le Paradis mesme.
    Et l’Enfer à la triste gent ;
    On y trouve enfin la Mort blesme[5],
    Et de tout, hormis de l’argent.




    la monnoye.

  2. Cette circonstance m’effroye,
    Car je ne cherche que cela ;
    Pour en trouver, sortons delà,
    Et courrons viste à la Monnoye[6] :
    Mais quel estrange nid à rats !
    Ce ne sont que des galetas
    Pleins de puanteurs éternelles ;
    Est-il possible, justes Dieux !
    Qu’on face des choses si belles,
    Dans de si sales et vilains lieux[7] ?


  1. Var. de 1672 : Tant de vanitez en peinture.
  2. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Qui sont vérités en effet.
  3. Id. : Si de chaque homme on voit l’image.
  4. Var. de 1672 : Chaque couvent a son tableau.
  5. Id. : Et l’Enfer tout étincelant | On y trouve enfin la mort mesme.
  6. La Monnaie, en 1672 (voir le plan de Bullet et Blondel), était encore située dans la rue de ce nom. Son entrée principale faisait place à la rue Baillet. Sa façade se composait d’un rang de quatre pignons, d’apparence gothique (A. B.).
  7. Var. de 1672 : Est-il possible, ô bon Dieu ! | Qu’on fasse des choses si belles | Dedans un si infâme lieu. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Sans cesse dans ce vilain lieu ? — 1713 : Dans un si détestable lieu. Il entend des Louis d’Or, des Écus et autres belles pièces de monnaie qu’on y frappe (de Bl.).