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Les vieux empires de l’Orient qui sommeillaient, en quelque sorte, sous l’influence de leurs traditions patriarcales (§4), semblent eux-mêmes appelés à de nouvelles destinées. Ainsi la Chine, qui, dès les premiers âges de l’histoire, a fondé sur le culte des ancêtres une stabilité inébranlable, unit maintenant aux forces morales qui dérivent de l’esprit de famille, les forces matérielles de l’Occident. Fortifiés par cette union récente et encore imparfaite, les Chinois envahissent à l’envi les domaines du travail dans l’archipel Indien, l’Australie et l’Amérique du Nord. Déjà les Européens de ces régions, déconcertés par cette concurrence, croient devoir demander protection aux régimes de privilège[1].

L’éternelle lutte, féconde en maux comme en bienfaits, que suscite le désir de la prééminence va donc se modifier par l’avènement ou la régénération de ces empires. Dans cette situation, les Occidentaux devraient développer sans relâche les forces morales et intellectuelles qui permirent autrefois aux petits États de la Grèce de résister aux grands empires de l’Asie. Mais ils ne peuvent trouver le succès que dans

  1. Cette tendance s’est particulièrement manifestée dans les régions aurufères de l’Australie et de la Californie.