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une émulation pacifique en évitant les dissensions qui perdirent les anciens Grecs[1] ; en fondant des alliances durables sur la pratique de la loi morale et sur l’union des intérêts légitimes. C’est pour eux le seul moyen de compenser l’énorme infériorité qui naîtra prochainement de l’exiguïté relative de leurs territoires. On ne saurait trop leur recommander ce plan de conduite car ils continuent à s’affaiblir par un antagonisme stérile, tandis que leurs deux principaux émules mettent toutes leurs forces à profit[2].

Les changements que l’on entrevoit ne sont que la continuation de ceux qui se sont accomplis depuis les premiers âges de l’histoire. À ne considérer que l’Occident pendant l’ère chrétienne, l’opinion publique a successivement attribué la prééminence à Rome sous les Papes,

  1. Ces mêmes conseils d’union et de justice furent en vain donnés aux Grecs. L’Athénien Isocrate en fit l’objet de ses meilleurs écrits (Panégyrique, discours adressé à Philippe) ; mais il ne réussit pas à persuader le roi de Macédoine.
  2. Je suis loin de prétendre que les deux grands États du Nord aient, dès à présent, conçu des projets de domination universelle ; mais ces tendances se feront jour tôt ou tard s’ils conservent la paix intérieure pendant que l’esprit de discorde se développerait en Occident. Les grandes invasions historiques ont, en général, été provoquées par les désordres et la corruption des peuples envahis, plutôt que par l’ambition des envahisseurs.