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Au contraire, la Coutume féodale est l’œuvre du peuple, et comme une production spontanée du sol. Le peuple se figure qu’elle a existé « de tous les temps du monde » expression à chaque instant employée par les fors des Pyrénées, et surtout de ceux d’Azun. « Segont nostre for e nostra coutuma e nostres priviletges de ara et de tost temps del mon. »

Cette Coutume était d’abord verbale. Ex non scripto ejus venit, quod usus comprobavit[1]. Le moyen âge n’aimait pas les écrits. « Le parchemin souffre tout ; et les actes écrits ne sont que des témoins muets, surda testimonia » disaient les vieux adages. C’est vers la fin du XIe siècle que l’on commença à écrire les Coutumes. « Les premières chartes de ce genre furent les Usages de Barcelone, rédigés par ordre de Raymond le Vieux en 1060. Vingt ans plus tard, sous Guillaume le Conquérant, l’évêque de Londres et l’archevêque d’York écrivirent de leurs mains les Coutumes des Anglo-saxons. Les Assises de Jérusalem datent d’environ l’an 1099 ; les Fiefs de Milan, de 1150. Le plus ancien original de droit d’Allemagne ne remonte qu’à 1220[2]. » On

  1. Institutes, liv. Ier, titre II, §9.
  2. Histoire du droit dans les Pyrénées, de Lagrèze, p. 74. Comme nous l’avons déjà dit dans l’Epilogue (XII, note 6), cet ouvrage nous a été d’un très grand secours pour notre étude de la Coutume du Lavedan.