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tiques qui se résument dans les termes suivants : Dieu n’est pas seulement le créateur de l’univers et de l’humanité ; il a concédé à celle-ci, par une exception unique, une partie de sa grandeur et de sa puissance. Il a dispensé l’homme d’obéir aveuglément à l’instinct qui lie les animaux soumis, dans l’intérêt de leur conservation, aux forces de la nature. Il a concédé le libre arbitre qui permet à sa créature privilégiée de dominer ces forces dans une certaine mesure, et de s’établir en maîtresse sur presque toute la terre. Les sociétés humaines peuvent, il est vrai, abuser de celle liberté au point de se détruire elles-mêmes, en supprimant les moyens de conservation assurés aux animaux ; mais une seconde concession complète la première sans détruire la liberté. Dieu a révélé au premier homme, dans son Décalogue, la loi morale qui fournit aux familles et aux sociétés le frein qu’elles ne trouvent pas dans leur propre nature. Celles-ci réagissent contrôles premiers abus de leur liberté, en demandant à Dieu la grâce qui leur est nécessaire pour devenir capables d’accomplir cet effort. L’établissement de cette relation directe de l’homme avec Dieu s’impose aux familles et aux sociétés aussi impérieusement que la satisfaction des deux besoins essentiels : jamais, chez aucune race, on n’a pu établir ce lien indispensable à la pratique de la loi morale, sans instituer une autorité spé-