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ciale chargée de ce service. Tel est le cas surtout quand le reste du peuple ne suffit pas à la production du pain quotidien. Partout le personnel investi de cette autorité est secondé par des « rites locaux », dont la pratique n’est pas moins nécessaire que la consommation du pain quotidien. Chaque jour, en effet, la faim rappelle à l’homme qu’il a besoin de nourrir son corps. Chaque jour également la pratique des rites lui rappelle qu’il doit être soumis à Dieu pour observer la loi morale, c’est-à-dire pour procurer à son âme la nourriture qui est la seconde source du bien-être temporel. Partout la religion assure aux croyants le même bienfait : elle établit entre eux cet accord admirable que les chrétiens nomment si justement « la paix de Dieu » ; mais elle a pour manifestation extérieure ce personnel et ces rites.

Chez les races simples, cette manifestation est purement domestique. Chez les races compliquées, elle donne lieu à de puissantes institutions qui grandissent à mesure que la majorité des familles, absorbée par le travail croissant du pain quotidien, devient moins capable d’enseigner ses enfants. Partout l’enseignement public de la religion insiste sur l’obéissance à la loi de Dieu et sur la double sanction réservée à la soumission ou à la révolte : dans la présente vie, la prospérité ou la souffrance ; dans la vie éternelle, la récompense ou la punition. La méthode sociale