Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 7

L’humanité peut-elle sortir du cercle vicieux de prospérité et de souffrance où elle restée entérinée jusqu’à ce jour ?

Les sociétés aspirent toutes au bonheur, et, comme elles ont toujours sous les yeux des spectacles de souffrance, elles se demandent avec anxiété si elles peuvent compter sur un meilleur avenir. Cette question est posée en permanence au sein de l’humanité. Dans le cours de cette enquête, les peuples sont peu enclins à reconnaître que le malaise présent est le fruit des fautes du passé ; et, pour la prévision de l’avenir, ils préfèrent habituellement l’illusion à la réalité. Cette disposition des esprits est d’autant plus prononcée que la souffrance est plus aiguë. Par ce motif, la réforme au milieu d’une corruption récente est relativement facile chez les petites nations qui, comme la république de Saint-Marin, ont gardé au moins le souvenir des sages leçons de leurs fondateurs et des bonnes coutumes de leurs ancêtres. Au contraire, elle est entravée par beaucoup d’obstacles chez les nations compliquées, qui ont oublié les exemples de leurs sages et qui d’ailleurs ont rompu depuis longtemps avec la tradition de leurs époques de prospérité.