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Ces nations prennent volontiers pour guides des égarés qui flattent les erreurs accréditées chez elles par un état persistant de corruption. Telle est la situation où la France est maintenant placée. Selon la doctrine favorite du moment, une loi fatale détermine le mouvement imprimé aux sociétés depuis l’origine du deuxième âge ; mais il y a contradiction sur le sens suivant lequel ce mouvement s’opère. Les confiants qui en assument la direction croient se rapprocher du bonheur ; les découragés qui s’abstiennent se persuadent qu’on s’en éloigne : au fond, en adoptant ces deux opinions, les uns et les autres se dispensent, sciemment ou à leur insu, des efforts pénibles qu’il faudrait faire pour ramener la patrie de la souffrance à la prospérité.

Ces erreurs dominaient dans l’enseignement littéraire qui me fut donné aux écoles publiques de mon pays ; mais l’École polytechnique où se forma mon esprit fit contrepoids, par la méthode des sciences physiques, à la funeste influence des lettrés. Cette méthode, appliquée à l’étude des faits sociaux, mit en lumière, par voie d’induction les vérités exposées dans le présent chapitre et dans ceux qui le précèdent. Ces vérités se résument dans les termes suivants, qui répondent à la question posée en tête de ce paragraphe :

Il est chimérique de croire à un avenir qui offrirait le règne permanent de la paix : l’homme,