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Les conquérants trouvèrent tout d’abord le complément de leurs forces morales dans le christianisme, qui, au milieu de la souffrance générale, tenait alors en garde les principes et les coutumes de la prospérité. Bientôt ils s’associèrent spontanément aux autorités de l’Église pour diriger les populations vers la paix. Les familles qui exerçaient les fonctions de la souveraineté aux degrés supérieurs de la hiérarchie sociale, tinrent à honneur de consacrer une partie de leurs rejetons au recrutement des dignités ecclésiastiques. Ainsi se développa, dans une communauté de croyances et d’aspirations, la classe dirigeante qui fit la grandeur du moyen âge. La prospérité de cette époque fut l’œuvre collective de huit siècles : en France, elle acquit, vers le règne de saint Louis, ses meilleurs caractères. Les mémoires de Joinville établissent, par la citation d’une foule de traits, que les principes et les coutumes de la Constitution essentielle étaient en pleine vigueur au XIIIe siècle.