Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nombre, à la cour de France, les liens de famille établis entre les Valois et les Médicis. Le mal s’étendit de la cour aux provinces, en s’aggravant partout sans relâche. Il prit successivement pour caractères le désordre des mœurs, le luxe des repas, des vêtements et des mobiliers, les nouveautés dangereuses et futiles adoptées par les femmes et par la jeunesse, les idées superstitieuses du moyen âge, mêlées à des excès de prédilection pour les lettres et les arts de l’antiquité.

Au fond, l’exagération de l’esprit de nouveauté était la principale cause du mal. Elle créait des contrastes compliqués d’aspirations et de sentiments entre les familles dirigeantes : elle les divisait en deux partis hostiles, et, par là, ébranlait la société entière. Le premier, inclinant vers les nouvelles mœurs, gravitait autour de la royauté, abandonnait ses terres et négligeait les devoirs imposés aux propriétaires par la Constitution essentielle. Le second parti redoutait l’influence de la cour : il était attaché à ses résidences rurales, à la pratique des devoirs locaux et aux coutumes de la province. Les pratiques de nouveauté ou de tradition spéciales à la vie privée de chacun de ces deux partis contrastaient souvent avec les doctrines qu’il professait sur la réforme des corps publics préposés aux services de la religion et de la souve-