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plus riche, plus intelligente et plus forte, abuse plus que jamais de son libre arbitre. Aux mauvaises époques, les souverains, les gouvernants et les clercs, au milieu d’exemples admirables donnés par les minorités, corrompent et irritent les patrons et le peuple : ils déchaînent ainsi le fléau des guerres civiles ; cl, en affaiblissant la nation, ils excitent les convoitises et provoquent les envahissements de l’étranger. Les catastrophes nationales font naître le repentir et remettent en honneur l’esprit de réforme. Peu à peu, chaque classe revient à la pratique du devoir que lui assigne la Constitution essentielle. L’influence salutaire de ces sentiments ramène une ère de prospérité. Aussitôt, les appétits sensuels, l’orgueil et la violence reprennent leur funeste empire : la prospérité, dès qu’elle est rétablie, devient le point de départ d’une nouvelle évolution dans ce cercle vicieux de bien et de mal où, jusqu’au moment de leur ruine, ont tourné toutes les races fameuses.

C’est précisément dans cette situation que se trouvait la France à la fin du XVe siècle, après la guerre de Cent ans. Le roi et les gouvernants, les patrons et le peuple pratiquaient de nouveau la vertu. Les gouvernants, en particulier, témoignaient leur soumission à la Constitution essentielle par des exemples d’équité et de clémence qu’on n’avait guère revus depuis le règne de