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saint Louis. La corruption persistait, à la vérité, chez les clercs, mais elle n’avait pas les caractères dangereux qu’elle a pris dans la suite. Les disciples de Gerson et de Pierre d’Ailly continuaient, en toute liberté, à condamner le mal et à réclamer la réforme. Les familles dirigeantes concevaient l’espoir d’un meilleur avenir et prenaient patience : la paix intérieure était raffermie, et la France était devenue, pour les peuples voisins, un objet d’admiration. J’ai dit comment celle prospérité extraordinaire fut le prélude d’une nouvelle oscillation, où la période du mal commence en 1515, où celle du bien cesse en 1661. Après le massacre de 1572 éclate la guerre de religion, dont les fureurs laissent appauvrie, pendant deux siècles, une grande partie du territoire. En 1598, le roi Henri IV, par l’édit de paix, commence à réparer les désastres matériels et à ramener les esprits à la concorde. Enfin, par l’édit de grâce de 1629, le roi Louis XIII, son successeur, seconde par le génie d’un grand ministre, fonde définitivement la restauration de la prospérité sur le libre exercice des deux cultes rivaux : l’Église de France reprend des habitudes de sainteté perdues depuis longtemps ; les protestants s’adonnent au développement des arts usuels, et ils deviennent en plus d’un genre les utiles serviteurs de l’État ; en 1648, après la guerre de Trente