Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

innombrables, constatées également par l’histoire du passé et par l’observation du présent, un des faits fondamentaux de la science sociale apparaît avec une évidence irrésistible : les peuples ont conquis et conservé la paix quand ils ont été soumis à Dieu et à l’autorité paternelle ; quand ils ont garanti à toutes les familles la jouissance permanente du pain quotidien.

Le premier effort à faire pour engager définitivement l’Europe dans les voies de « la vraie réforme » peut, à la rigueur, se réduire d’abord à la démonstration de cette vérité. C’est la mission que je me donne depuis quarante ans, c’est-à-dire depuis l’époque où j’ai pu admirer, dans le cours de deux années, la pratique de la Constitution essentielle chez les agriculteurs et les manufacturiers de l’Angleterre, puis chez les pasteurs de l’Orient. Pendant dix années, mon enseignement ne rencontra guère que de l’inattention, de l’étonnement ou des résistances ; en fait, il ne fut secondé que par les catastrophes de février et de juin 1818, qui déterminèrent les fondateurs de notre école à se réunir par un mouvement spontané. En ce qui touche l’Angleterre, on ne tenait point compte des causes de prospérité que j’attribuais aux forces morales de ce pays, et l’on objectait que l’importance de ces causes disparaissait devant la prépondérance universellement attribuée à la constitution