Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour conquérir par la voie de mer les rivages fertiles de l’Océan, prennent, sous nos yeux, une expansion irrésistible. En fait, les autres nations européennes qui ont eu jadis la prépondérance sont réduites à la condition de petits États. Comme je l’ai démontré, elles ne peuvent désormais conserver, en toute sécurité, leur autonomie qu’en s’unissant par les liens de la confédération. Cette union doit avoir essentiellement pour objet la suppression des guerres internationales et du régime actuel de paix armée. Aux débuts de son enseignement, l’école de la paix sociale ne pouvait guère invoquer, à l’appui de cette vérité, que les prescriptions de la loi morale. Depuis deux années, elle insiste auprès des gouvernants sur la nécessité d’assurer le pain quotidien aux peuples de la future Union. Grâce aux « pyroscaphes[1] » et aux voies ferrées, la Nouvelle-Angleterre et ses confédérés organisent maintenant une concurrence manufacturière et agricole redoutable pour les producteurs européens. Déjà les riches fermiers de l’Angleterre vont par centaines acheter, à des prix infimes, des territoires fertiles que la présence des sauvages et l’absence des voies de transport rendaient précédemment inabordables[2].

  1. J’exprime ici le vœu que ce mot, usité dans le dialecte français de la Russie, remplace la formule de « bateaux à vapeur ».
  2. M. Rudolf Meyer, l’un des publicistes les plus perspicaces de