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de souffrance ont même un caractère aigu que n’offrent pas au même degré les atteintes portées à la satisfaction des deux besoins essentiels. Un contraste presque absolu existe, à cet égard, entre la France et les autres nations. Ainsi, par exemple, l’Angleterre et la Suède, après avoir cruellement souffert, depuis le XVIIIe siècle, par la violation de la Constitution essentielle, ont réussi de nos jours à retrouver la paix sociale. Ce contraste s’explique naturellement : il est dû à l’opposition que l’histoire signale dans la conduite tenue par les classes dirigeantes et les gouvernants. Chez les Anglais et les Suédois, les deux classes ont été inspirées par l’esprit de conciliation. Après des luttes acharnées, elles sont enfin tombées d’accord sur la distinction qu’il fallait établir entre les « principes » et les « coutumes » de la Constitution essentielle (III, 6 et 9). Elles ont appliqué cet esprit de paix à toutes les questions qui engendraient successivement la discorde.

En France, c’est l’esprit opposé qui a définitivement prévalu. En effet, au commencement du XVIIe siècle, l’opinion publique était divisée sur deux points principaux : il y avait alors à résoudre la question religieuse et la question politique. La première, grâce à l’accord des classes dirigeantes et des gouvernants, manifesté par l’édit de 1629, reçut une solution qui excita