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§ 3

Les défaillances naturelles de l’homme et le vice originel.

Livré à ses tendances natives, l’individu fait rarement un choix judicieux entre le bien et le mal.

L’animal trouve toujours en lui-même la règle de ses actions. Au sortir de son enveloppe natale, le petit de l’abeille, guidé par l’instinct, prend son vol et entreprend sans hésitation la récolte nécessaire à la communauté. Il n’en est pas de même pour l’homme. L’enfant reste longtemps incapable de subvenir à ses propres besoins. Il n’est pas seulement inutile à sa famille ; il est à la fois une charge et une gêne pour sa communauté naturelle : car il y apporte, dès sa naissance, des ferments d’indiscipline et de révolte. Dans les sociétés les plus prospères, la venue des enfants est, à vrai dire, une invasion de petits barbares : dès que les parents tardent à les dompter par l’éducation, la décadence devient imminente.

Ce penchant inné des enfants vers le mal a toujours été un obstacle à la prospérité des sociétés humaines. Il pèse principalement sur les mères, les nourrices et les maîtres du premier âge. C’est la grande défaillance de l’homme : les sages de tous les temps l’ont nommée « le vice originel ».