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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/11

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LE PRÉSENT.

crier tant de fois contre le siècle, les philistins, la décadence, que nous avons été pris de pitié. On ne leur demandera ici d’autres titres que du talent, qu’ils viennent donc et qu’ils le montrent.

Nous avons foi aussi dans ce public tant calomnié par lescriailleries des impuissants qui s’agitent dans les bas-fonds de toute littérature. Il n’a fait défaut, ce public qui donne le succès, à aucune publication vaillante et consciencieuse. Nous lui promettons ici vaillance et conscience. Qu’il nous vienne donc en aide. Au lieu de ces gros et lourds recueils qui toutes les quinzaines lui demandent une journée de son temps et vingt-quatre heures d’ennui, nous viendrons toutes les semaines lui demander deux heures d’attention et lui apporter, nous l’espérons du moins, deux heures d’intérêt. Nous traiterons les mêmes matières que nos confrères, nous les traiterons moins compendieusement. Prenez en effet un article critique d’un des maîtres du genre ; sur trente pages, il y en a vingt-cinq de verbiage et de remplissage. De notre temps, temps si affairé et si rempli, il faut être rapide et dire vite son avis. Nous le dirons vite et nous tâcherons de le bien dire. Nous avons regardé en face toutes les difticultés, tous les périls même de notre entreprise ; nous sommes résolu. Nous consacrerons à cette œuvre, que nous croyons sacrée, de la régénération littéraire en France, ce que nous pouvons avoir de force, d’intelligence, de ressources en tout genre ; si nous réussissons, nous reporterons la meilleure part de notre succès sur les collaborateurs dévoués et habiles que nous nous sommes acquis déjà, sur le public qui nous aura secondé ; si nous tombons, nous sommes assuré d’avance que nous ne tomberons point sans honneur.


Le directeur,
Étienne MELLIER.
Paris, 30 juin 1857.