lui rappeler ce qu’il a été, le sommer d’ambition. Debout, donc ! nous savons qu’il nous reste de grandes choses à faire.
En littérature, nous l’avons dit, et nous le répétons, nous ne sommes d’aucune coterie, d’aucune école ; nous sommes la pleine liberté ! Liberté entière, complète, absolue, liberté du beau ou au moins de l’effort vers le beau dans tous les genres, de la marche dans toutes les voies. On peut bien enrégimenter des corps, des jambes, des bras et des mains, leur apprendre le pas uniforme et leur faire présenter les armes d’un seul et même mouvement, à un commandement ; on n’enrégimente pas des esprits. Nous croyons toutefois que la vraie tendance et le véritable esprit de notre époque est un esprit d’observation et de réalité plus fouillé qu’aux époques précédentes ; on a le goût de la précision et du vrai, on est moins soucieux de rêverie et de lyrisme ; nous nous appelons le Présent, et nous accueillerons de préférence les œuvres frappées à ce coin d’observation et de vérité !
Quand, passant des idées générales aux systèmes particuliers, nous toucherons aux hommes, pour juger le caractère de leur talent, le rôle qu’ils jouent à cette heure, les influences qu’ils ont acquises ou qu’ils vont conquérir, nous nous garderons de faiblesse. Plutôt que d’être complaisants, nous serons passionnés.
Nos pères nous ont donné l’exemple, d’autant que nous connaissons le secret de leur grandeur. Leur mot de passe, dans ce monde qu’ils ont rempli de tant d’éclat et de bruit, a été l’audace ; il est bon, gardons-le. Le repos énerve et l’agitation est souvent féconde. À nous donc les audacieux ! nous ne sommes pas la paix, nous sommes la guerre !
