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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/321

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L’INDE FRANÇAISE.

l’extrême Orient. Ce n’est pas que plusieurs tentatives n’eussent été faites en ce sens. L’édit de 1578, par lequel Henri III avait renouvelé les promesses de François Ier, et l’organisation de la Compagnie des Indes Orientales, décrétée par Henri IV en 1604, indiquent l’époque de nos premières expéditions commerciales au delà du cap de Bonne-Espérance ; mais toutes étaient restées infructueuses, soit que des chefs intelligents et fermes fissent défaut, soit que l’esprit de la nation fût réellement hostile aux aventures lointaines. Richelieu voulut réaliser le projet de Henri IV. Comme grand maître, chef et surintendant de la navigation et du commerce, il approuva par Lettres, et fit confirmer, en février 1642, par arrêt du conseil, la création d’une nouvelle Compagnie orientale. Les intéressés furent autorisés à commercer pendant dix ans dans les mers de l’Inde, avec le privilége d’armer en guerre et de charger un aussi grand nombre de navires qu’il leur plairait. En outre, Madagascar leur fut concédé à titre d’entrepôt principal. Une colonie partit sous le commandement de Pronis et s’établit au Fort-Dauphin. Cette fois encore on négligea les mesures nécessaires au succès de l’entreprise : l’Inde fut oubliée, les envois de France devinrent rares ou insuffisants et cessèrent bientôt, malgré les sollicitations persévérantes de Flacourt ; les fièvres de la côte décimèrent les colons ; un soulèvement des indigènes anéantit le reste. Colbert fit renaître la Compagnie. Les lettres patentes de Louis XIV la reconstituèrent au mois d’août 1664. Par cette déclaration vérifiée en Parlement, il lui était accordé, outre la possession de Madagascar, la propriété perpétuelle des terres et places qu’elle pourrait acquérir, pour en jouir en seigneurie et justice, sans autre redevance que la foi et l’hommage lige dus au roi et à ses successeurs. Le pouvoir lui était donné de nommer, dans tous les lieux de son établissement, des officiers de justice et de guerre ; d’accréditer des ambassadeurs auprès des princes indigènes et de conclure avec eux des alliances. Enfin, un monopole de cinquante ans, un premier capital immédiatement souscrit de quinze millions de livres dans les principales villes maritimes et manufacturières du royaume, et, surtout, l’active sollicitude de Colbert, semblaient promettre à la Compagnie une réussite certaine, en admettant du moins qu’elle remît entre des mains capables la direction de ses affaires. Deux nouveaux essais de colonisation ayant échoué à Mada-