Beaugency, Froissard et Lacervoise adressèrent des circulaires à tous les habitants du pays pour les inviter à venir voir dans la soirée, à la porte du Lion d’Or un lion offert par le bey de Tunis au roi Charles X, qui ne l’avait pas accepté, ne sachant où le mettre. Spectacle à dix heures.
Ce qui précéda le dessert.
Entre sept et dix heures.
« Qu’on juge du degré d’animation auquel étaient arrivés les convives. Froissard fit boire du vin de Champagne au lion. L’aubergiste, témoin de ce fait inouï à Meudon, éteignit ses fourneaux et sortit de chez lui. Il lui était arrivé de louer la salle pour célébrer des banquets patriotiques ; il avait entendu chanter des hymnes nationaux} ce qui est bien quelque chose ; mais jamais il n’avait vu un lion boire du vin de Champagne dans son auberge. »
« C’était la saison des fraises. Froissard en prit dans le saladier et s’en servit en guise de vermillon pour tatouer toutes ces dames depuis le nez jusqu’à la ceinture, et pour dessiner sur son pantalon et celui de son ami de flamboyantes arabesques semblables à celles qui courent sur las cuisses des tambours-majors. Il dessina ensuite sur la nappe, qu’on fixa en manière de drapeau autour d’un bâton, un magnifique lion rouge sous lequel il écrivit en lettres de la même couleur :
Au coup de dix heures, toute la population de Meudon se plaça sous les croisées de l’auberge du Lion d’Or, qui s’ouvrirent et s’éclairèrent de cent soixante bouts de chandelles. L’enseigne fut déployée, et les artistes parurent au balcon ! Il y eut un cri d’indignation dans la foule ; un cri d’horreur le suivit.
Quelque temps après ce dîner où l’on s’était tant amusé, le père de Froissard veut marier son fils, un gaillard bien taillé pour faire un mari, n’estree pas ?