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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/87

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LE CATHOLICISME ET M. VEUILLOT.

de paix un animal dont il fallait se garer. Cette ménagerie n’avait rien qui attirât.

En faisant le vide dans les églises, en desséchant les cœurs, en arrêtant les consciences sur la pente où elles se laissaient aller, M. Veuillot, je le sais, a acquis une position, une célébrité. Il a tout ce qu’il a cherché. Né pauvre, il voulait la fortune ; né ambitieux, il voulait la puissance : il a tout cela. Son orgueil même doit être satisfait. Il a fait trembler quelques pauvres hères. Romancier débile, conteur ennuyeux, il a demandé aux violences du pamphlet le retentissement de son nom ; et il l’a obtenu. Il a couvert ses disgrâces physiques et morales du soulèvement qu’ont fait autour de lui ses doctrines et ses outrages. Il a élevé sa chaire presque au niveau d’une chaire épiscopale. Sans être ni théologien, ni historien, ni docteur, il a tranché les plus difficiles questions théologiques, historiques, scientifiques et littéraires avec la plus incroyable audace. Il a eu le pouvoir d’armer pour lui des prélats, de semer la discorde entre les évêques, d’occuper de sa personne et de ses écrits le successeur de saint Pierre. Il a fait de son journal une place de guerre et de son nom un drapeau. Dàns son cabinet de rédactenr en chef de l’Univers, il a fait tenir debout devant lui les dix-huit siècles que le christianisme a déjà vécu. Les papes et les docteurs, les martyrs et les saints sont à ses ordres ; il les a dans ses cartons et les en tire à l’occasion pour les traiter comme le centurion de l’Evangile son valet. Dis ceci, et ils le disent, fais ceci, et ils le font. Il se fait présenter sa plume par Bossuet, préparer son encrier par un Père de l’Église latine, couper son papier par un Père de l’Église grecque. Il a pris à Dieu sa foudre, et lui-même, l’Eternel, le Tout-Puissant, Jéhovah, Celui qui est, il a été le chercher dans la profondeur des cieux et il lui fait faire sentinelle à la porte de ses bureaux, comme un invalide mélancolique. Tout cela est fort bien, et M. Veuillot peut s’applaudir dans son succès et sa gloire. Mais je lui prédis que ses jours de gloire et de succès sont comptés. Il aura eu le tort de prendre quelques grains de quinquina ; il est guéri de son talent, ses homélies ont perdu leur vertu. Je l’en avertis charitablement. Il n’étonne plus personne. Il a tant abusé de l’hyperbole et de la violence injurieuse qu’il lui faudrait maintenant dérober le feu du ciel, faire de V Univers une torche et de la terre un brasier pour éveiller l’attention publique émoussée. Certains affirment qu’à mordre il a perdu sa dernière dent ; on