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AVERTISSEMENT

La réputation dont a joui l’ouvrage de Pierre de Saint-Cloud, auteur de la première branche de ce Roman a excité la verve de plusieurs de nos anciens poètes, qui ont imaginé d’autres tours pour y faire suite ; mais en gardant l’anonyme, Richard de Lison est le seul qui se soit fait connoître.

L’ordre des branches n’étant pas le même dans les douze manuscrits sur lesquels j’ai collationné ce Roman, j’ai cherché à en établir un qui les liât ensemble de manière à en former un tout ; je désire que la classification que j’ai adoptée soit jugée la plus convenable. Autant qu’il m’a été possible, j’ai profité des variantes que m’offroient quelquefois ces différens manuscrits, et j’en ai augmenté mon texte.

À la suite de l’ancien Renard, j’ai cru devoir donner une pièce ayant pour titre le Couronnement de Renard, dont il n’a été fait aucune mention jusqu’aujourd’hui. Il est dédié par l’auteur à Guillaume, jadis comte de Flandre[1], ce qui fixe

  1. Ce comte Guillaume étoit fils aîné de Marguerite II, comtesse de Flandre en 1244, par la mort de Jeanne sa sœur, qui n’avoit pas laissé d’enfant ; et de Guillaume de Dampierre, second fils de Gui II de Dampierre, et de Mathilde, héritière de Bourbon. Les éditeurs de Joinville se sont trompés dans la table des matières en supposant qu’il y avoit deux Guillaume, père et fils, comtes de Flandre. Guillaume de Dampierre étoit mort depuis trois ans, lorsque Marguerite devint héritière de ce comté. Guillaume, son fils aîné, ayant été tué en 1251, ainsi qu’il est dit plus haut, ce fut Gui, son second fils, qui lui succéda lorsqu’elle mourut en 1280, et l’auteur du Couronnement en parle sous le titre de marquis de Namur, dont il dit que les sentimens étoient les mêmes que ceux de son frère Guillaume.