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qu’on abandonne à la plus atroce détresse des centaines de milliers de plébéiens ?

Des malandrins qui gaspillent ainsi la fortune de la France et le plus pur de son sang, et qui ne trouvent pas un centime pour donner un asile et du pain à ceux qui subissent des misères inénarrables, ne sont-ils pas les derniers des criminels ?

Répondre aux angoisses des damnés de l’enfer social par des coups de sabre et de casse-tête est un piètre argument qui n’absoudra pas, au jour de la justice populaire, les tripoteurs ministériels des folies tonkinoises et madagascaresques.

La bourgeoisie agonise, et comme dans certaines maladies, avant l’heure dernière, elle tombe en pourriture.

Que faudrait-il pour hâter sa fin et lui donner la sépulture qu’elle mérite, c’est-à-dire lui faire comme elle nous fit pendant la semaine de Mai, la jeter à la voirie ?

Imiter les légionnaires de César, « frapper à la tête », ou autrement dit, le moment venu, que les prolétaires, condamnés par la bourgeoisie à la mort sans phrases, se ruent sur la Banque de France, jettent au feu Le Grand-Livre et le Code, et, en guise d’apothéose, fassent faire au Palais-Bourbon un petit saut dans les nuages.

La plume et la parole préparent notre délivrance : la dynamite et le pétrole pourront l’achever.

« Il faut que l’épée tirée, comme l’affirmait Babeuf, le fourreau soit jeté au loin. »

Mieux vaut mourir libre que vivre esclave.

Ceux qui ne sont pas avec nous pour socialiser les forces productives sont contre nous : qu’on s’en souvienne à l’heure où, sous le choc du marteau révolutionnaire, sonnera la suprême revanche du prolétariat.

Ô République sociale,
Accours enfin nous affranchir,
Et pour l’Internationale,
Sachons encor vaincre ou périr !
Rangés sous nos rouges bannières,
Brisons à jamais les tyrans :
Plus de prisons, plus de frontières,
Et la potence aux conquérants [1].

  1. Gabriel Rives. — Les Iniquités sociales, chant révolutionnaire.