Page:Le Sérail royal ou les voluptés secrètes d’un débauché - La Belle Letty, 1892.djvu/112

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Quelle jolie petite garce tu fais !… comme je t’aime dans ta dépravation !… et comme j’aime à me dépraver avec toi !…

Mais l’affaissement dans lequel je me trouvais m’enlevait la force de remuer. Toutefois j’eus un frisson quand ma bonne lui dit que c’était pour lui procurer le plus de jouissance possible que j’avais appris tous les sales mots que je débitais, toutes les saloperies que je faisais. — Il lui semble, ajouta-t-elle, qu’en imitant les filles des rues, tu dois éprouver plus de bonheur. Vois comme elle remue les lèvres, on dirait qu’elle entend, qu’elle comprend !… Si tu veux la contenter, la rendre bien heureuse, parle son langage, emploie les expressions les plus libres, les plus débraillées ; donne-lui les noms les plus sales, appelle la ta petite salope et tu verras comme elle sautera de joie.

Il ne faut pas que cela t’étonne, Bibi, si tu la vois si dévergondée. Jusqu’à mon arrivée, la vie de cette pauvre enfant était bien triste. Ne connaissant pas son père, ne voyant sa mère qu’aux heures des repas, elle passait ses journées à côté d’une vieille bonne qui ne savait ni l’intéresser, ni lui procurer la moindre distraction ; l’empêchant de faire un pas sans elle, de se mettre à la fenêtre et lui racontant des histoires qui la faisaient dormir. Enfin, elle aurait fini par