Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/129

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ment de pudeur que ces hommes, plus grossiers que méchans, ne pouvaient s’empêcher de respecter.

Le bâtiment arriva sain et sauf eu vue des côtes du Maryland, terme de sa course, et, suivant l’usage des marins, on salua la terre par un sacrifice à Bacchus. Cette orgie d’étiquette fut aussi extravagante qu’elle pouvait l’être. Le capitaine distribua le vin et l'eau-de-vie avec une libéralité qui ne lui était pas ordinaire, et il ordonna à William de chanter à ses compagnons ses meilleures chansons. Il obéit, et de chanson en chanson, de rasade en rasade, la troupe, sortant des bornes d’une gaieté modérée, se livra d’abord aux éclats d’une joie bruyante, et son langage et ses manières devinrent enfin intolérables pour le jeune anglais , qui tâcha de s’esquiver pour aller se cacher dans la cabine, jusqu’à ce que le banquet fût terminé. Un des matelots, soupçonnant son dessein, le saisit rudement et jura qu’il le retiendrait dans ses bras. William vint à bout de se dégager, et descendit rapidement l’escalier de service, suivi de tous ses camarades criant et vociférant à l’envi. Le capitaine était à l'entrée de la cabine ; Wil-