Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/130

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liam tomba à ses pieds demi-mort de frayeur, en s’écriant : « Protégez-moi, au nom du ciel, protégez-moi ! »

Le commandant demanda la cause de ce tumulte et ordonna à ses hommes de s’éloigner du jeune garçon. Mais stimulés par le vin, encouragés par la vue de la terre, où ils allaient reprendre leur indépendance, ils bravèrent son autorité, et jurèrent qu’il n’avait pas le droit d’intervenir dans leurs divertissemens. Le pauvre William sentait déjà leurs mains s’attacher à lui, et la crainte d’un danger surmontant la crainte d’un autre, il avoua que ses habits n’étaient qu’un déguisement, et implora pitié et protection pour une malheureuse fille.

Les matelots, touchés de repentir et de compassion, se retirèrent ; mais leur brutal capitaine repoussa durement la suppliante, en jurant que c’était la première fois qu’il était trompé, que ce serait la dernière, et qu’il en aurait vengeance. Ce vieillard se targuait d’une prudence que personne, à ce qu’il croyait, n’avait jamais mise en défaut ; il comptait se retirer après ce voyage ; et sa vanité se trouva cruellement mortifiée en se voyant joué par une fille de quinze ans, au bout