Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/131

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de quarante ans d’une infaillibilité qu'il estimait au moins égale à celle que les catholiques accordent au pape. Il conduisit la malheureuse enfant dans une plantation qu’il possédait aux environs d’Oxford, et la condamna à servir dans ses cuisines, avec ses esclaves noires, jusqu’à la fin de son engagement.

La colère du vieux marin fut encore animée par la constance avec laquelle l’étrangère refusa de lui dire le motif de son déguisement, et même de lui révéler son nom. 11 ne savait donc comment la désigner lorsqu’il avait besoin de son service, quand sa fille, qui avait vu jouer le Conte d’hiver (Winter’s tale) sur le théâtre de Philadelphie, proposa de donner à la jeune inconnue la douce appellation de Perdita.

Cependant, le capitaine fut le premier à souffrir de sa conduite vindicative, comme cela arrive assez communément. Sa femme ne cessait de lui reprocher 1 inutilité de la prise (c'était son terme) , qu’il avait amenée dans sa maison. C’était une belle dame, élevée à porter des plumes, des fleurs, des étoffes de France : elle s’entendait à tout cela et ne pouvait être bonne à rien dans un ménage. D’autre part , les filles du