Page:Le Socialisme III. Le Socialisme au XVIIIe siècle (Morelly). - Charles RAPPOPORT.pdf/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le communisme a commencé, comme je vous l’ai dit dans ma leçon précédente, dans l’antiquité. Chaque fois que nous parlerons d’un grand socialiste d’une grande époque, nous ferons un petit tableau du régime social et des idées dominantes de cette époque. Vous pourrez ainsi avoir une idée générale sur les trois grandes époques qui dominent l’histoire ;

L’époque esclavagiste où l’homme ne s’appartenait pas ; où il ne vivait que pour son maître. Dans l’antiquité, l’immense majorité des hommes n’étaient pas des hommes indépendants ; ils étaient des choses appartenant au maître et celui-ci pouvait en disposer comme nous disposons d’un meuble. Nous pouvons le conserver nous pouvons en abuser, nous pouvons le détruire, nous -pouvons le céder à un autre.

La période du servage où l’homme ne s’appartenait qu’à moitié, où il était serf, à demi indépendant, à demi esclave. Il travaillait pour lui-même, mais pour avoir la permission de travailler pour lui, pour avoir la permission d’exister, il était obligé de travailler pour les nobles, pour les féodaux.

L’époque moderne du socialisme, la période scientifique. Nous analyserons cette troisième époque sociale ; l’époque du salariat, de l’ouvrier « libre », indépendant, qui ne peut pas se vendre, mais qui vend sa force de travail et son temps pour avoir la possibilité de vivre. Il est « libre », mais sa force de travail et son temps ne lui appartiennent pas dans les limites de sa journée de travail.

L’histoire n’est pas un assemblage d’anecdotes sur la vie des rois, des empereurs, des soi-disant grands hommes, des généraux, des maréchaux. Ce n’est pas non plus seulement une histoire de boucheries, de carnages, de guerres. L’histoire est avant tout le développement des conditions sociales dans lesquelles l’homme acquiert les moyens de son existence.

Tout en n’ayant pas à votre disposition beaucoup de loisirs, beaucoup de connaissances, ni d’instruction, puisque vous appartenez à la classe exploitée, puisque votre temps ne vous appartient pas, — et le temps ce n’est pas seulement l’argent, le temps c’est l’argent pour le capitaliste, pour vous, c’est la vie, — je dis que, malgré cette absence de temps, précisément parce que nous avons une nouvelle conception de l’histoire, parce que nous considérons dans l’histoire, ce qui est essentiel, l’histoire de la vie, l’histoire du travail, des moyens d’existence, des formes sociales,