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apporter un fait, sans apporter une véritable idée originale qui soit basée sur la réalité même et la compréhension profonde de ce qui existe.

La méthode positive, scientifique, qui emploie, elle aussi, le raisonnement et la logique, mais comme une arme auxiliaire pour pouvoir classer les faits, pour déduire des faits des conclusions générales, pour enchaîner les faits et pour en trouver les lois, et qui, par conséquent, se base avant tout sur l’étude, sur l’observation de ce qui existe, de ce qui est tangible, observable et vérifiable. C’est la seule qui soit appliquée par les communistes modernes.


Je vous ai parlé, dans ma dernière leçon, de l’idéalisme de Platon. Maintenant, à la lumière des idées sur les méthodes, vous comprendrez mieux.

On peut se demander comment un homme, qui est considéré comme un des plus grandes penseurs de tous les temps, — Platon — le maître d’Aristote, du même Aristote que Marx considérait comme le géant de la pensée, — et Karl Marx n’avait pas la superstition des grands hommes, — comment, dis-je, Platon pouvait considérer les idées comme quelque chose qui existe en dehors des objets ayant une existence absolument indépendante. Pour comprendre l’idéalisme absolu de Platon, — qui renaît toujours sous différentes formes, — nous serons obligés, dans les doctrines socialistes, de le retrouver même à notre époque, quand nous étudierons, par exemple, la conception socialiste de Jaurès, — il faut se représenter que la pensée antique, surtout à l’époque de Platon, appliquait la seconde méthode de la pensée : la méthode rationnelle qui consistait à argumenter au lieu d’observer et expérimenter. On ne faisait pas d’expériences à cette époque, des observations rarement ; mais on raisonnait et c’était un grand progrès, comme je vous l’ai dit, si nous comparons la logique avec la foi, la croyance aveugle qui ne se base sur rien ou qui se base sur l’imagination ; tandis que là, c’était tout de même la logique.

La pensée antique n’avait aucun respect pour ce qui est variable, changeable ; cela paraissait aux Anciens comme quelque chose d’inférieur. Ce n’est pas le cas de notre pensée moderne qui est basée sur l’idée de l’Evolution comme vous en avez presque tous entendu parler. Tout est mouvement, rien n’est figé, rien n’est fixe, tout est à l’état d’écoulement, de changement, de