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sion du gaspillage. C*est un des grands principes fondamentaux du socialisme, de toutes les formes du socialisme.

Les socialistes modernes réclament aussi cette coopération des efforts, basée sur la division du travail, ce collectivisme, ce communisme de production. Mais il y a une différence. C’est que Charles Fourier prétend avoir inventé ce principe, avoir découvert cette Amérique, tandis que Marx dit : « Ce communisme de production existe dans la réalité capitaliste, dans la société d’aujourd’hui. Seulement, en face de ce collectivisme de production, de ces efforts combinés, associés, groupés, se trouvent les capitalistes, qui s’en approprient les bénéfices. Il y a donc contradiction entre l’effort social et le bénéfice approprié individuellement ; le travail, la production collectives et l’exploitation individuelle ». Le socialisme moderne n’invente rien. Il se base sur ce qui existe. Il faut que les bénéfices de cette association des efforts groupés aillent au producteur, à l’ouvrier manuel et intellectuel, au lieu d’aller aux exploiteurs, aux propriétaires, aux capitalistes.

N’empêche que les services rendus par Charles Fourier sont immenses, car il ne suffit pas qu’un fait existe. Il faut encore comprendre toute sa portée pour en tirer toutes les conclusions pratiques et sociales.

Il ne faut pas croire, parce que nous traitons Charles, Fourier de socialiste, ou plutôt de précurseur du socialisme, que Charles Fourier était partisan de la propriété sociale, de la mise en commun des instruments de travail de production. Sous ce rapport, il blâmait sévèrement les saint-simoniens, qu’il traitait de charlatans, parce que Saint-Simon avait son système, qu’il était son grand concurrent. Fourier blâmait sévèrement l’idée fondamentale de l’école saint-simonienne : la suppression de l’héritage et l’institution de la propriété sociale. Voilà ce qu’il dit dans une lettre qu’on a publiée après sa mort :

« J’ai assisté au prône des simoniens dimanche passé. Vous savez que les saint-simoniens avaient des procédés religieux, qu’ils ne faisaient pas de la propagande, mais qu’ils « prêchaient ». On ne conçoit pas comment ces histrions sacerdotaux peuvent se former une si nombreuse clientèle. Leurs dogmes ne sont pas recevables ; ce sont des monstruosités à faire hausser les épaules ; prêcher au XIXe siècle l’abolition de la propriété et de l’hérédité ! »