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Voilà ce qu’il écrivait en 1831 après la révolution de 1830, quand il avait 60 ans environ.

Son système n’était pas la socialisation des moyens de production, notre base fondamentale du socialisme. C’était l’association des différents facteurs de la production. Quels sont les principaux facteurs de la production actuelle ? C’est disait-il, le travail, le capital et le talent. Et il ajoutait : Il faut mettre à la disposition du travail naturellement la plus grande partie 5/12e — près de la moitié. Il faut donner au capital 4/12e — c’est assez considérable — et au talent — à l’ingénieur, au directeur — il faut donner 3/12e, c’est-à-dire 1/4.

La société de Fourier est une espèce de société par actions. Comme dans beaucoup de choses, Charles Fourier a prévu au fond ce qui arriverait, non dans la société future, mais dans la société capitaliste. Il a prévu les sociétés par action. Mais il voulait que les ouvriers soient les principaux actionnaires. Il créait trois sortes d’actions : les actions ouvrières pour lesquelles il faut mettre de 36 à 40 %, les actions foncières, de 5 à 6 % ; les actions banquières, 5 %. C’était son idée capitale, et il demandait en même temps qu’on garantisse à chaque membre de la société un minimum d’existence. Il était ce qu’on appelle partisan du droit à l’existence — ce qu’il ne faut pas confondre avec le droit au travail. Il ne demandait pas le droit au travail ; il demandait qu’on assure à chacun un minimum d’existence. C’est la participation aux bénéfices, l’idée des actions ouvrières qu’on veut réaliser maintenant pour combattre le socialisme. On veut faire de chaque ouvrier un capitaliste imaginaire qui détienne une portion du capital, qu’on intéresse à la solidité, à la consolidation du régime, en lui faisant croire qu’il est capitaliste parce qu’il a, en action, quelques centaines ou quelques milliers de francs.

Autre différence entre notre conception et celle de Fourier. Charles Fourier cherchait « le grand écart », cherchait à s’écarter le plus possible de la réalité, alors que nous, au contraire, nous cherchons à l’étudier et à nous y adapter. Il voulait réformer la production même. L’industrie, selon lui est plus ou moins utile. Il trouvait que nous dépensions trop de forces pour des choses vaines. L’agriculture était la véritable industrie pour lui. Mais dans l’agriculture même, il voyait d’un mauvais œil la production du blé, des céréales, qui demande un travail trop pénible. Il voulait remplacer l’agriculture par l’horticulture, par le jardinage, la culture maraî-