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chère. Son idéal, c’est chacun cultivant son petit jardin. Et là aussi, il prévoyait l’évolution qui s’est produite réellement. Vous savez que maintenant autour des grandes villes il y a d’immenses espaces qui fournissant les produits du jardinage. Il était inépuisable dans ses inventions. Vous le verrez dans la suite.

J’ai évité délibérément les termes fouriéristes. Ce qui fait qu’on s’est beaucoup moqué de Fourier, c’est qu’il cherche à donner les moindres détails de l’organisation future. Il compte combien il y a de formes de légumes, de postes, etc. Il crée, pour chaque plante, pour chaque forme de plante, une série spéciale. Pour les raves, il crée le groupe des ravistes. Pour les roses, le groupe des rosistes, etc., etc. ! C’est sur ces fantaisies que tous les humoristes de l’époque ont aiguisé leur esprit, en ne voyant que les petits côtés, les détails subalternes et non les idées générales et géniales de Charles Fourier. Eugène Dürhing — contre lequel Engels a écrit son fameux livre : l’Anti-Bühring — disait en parlant de Charles Fourier, qu’il n’y avait en lui de vrai que la première syllabe de son nom : « Fou… » C’est à peu près dans ce goût que les contemporains parlaient de Charles Fourier. Il y avait un Gassier de l’époque, très spirituel, qui exerçait tout le temps sa verve contre Charles Fourier. Charles Fourier a quelque part exprimé cette idée que, tout changeant autour de nous, — l’eau de mer — qui n’est pas buvable deviendrait douce. Et un humoriste de l’époque présentait Charles Fourier avec une queue qui avait au bout, un œil…

Cette sorte de plaisanterie amusait beaucoup les contemporains de Charles Fourier. De nos jours, on est plus juste envers lui. Un, des économistes modernes qui lui a consacré une étude très sympathique, très remarquable par endroit, c’est M. Charles Gide. M. Charles Gide qui est, vous le savez, Grand-Maître de la Coopération, n’a pas pu, naturellement, négliger ce théoricien de la coopération. Dans le passage que je vais vous lire, il justifie l’idée de Charles Fourier de la transformation de l’agriculture ;

« La transformation de l’agriculture en horticulture est-elle aussi une conception si puérile ? L’évolution agricole ne tend-elle pas en effet, sous la pression des besoins d’une population sans cesse grandissante, à devenir de plus en plus intensive, et la culture maraîchère n’est-elle pas le dernier degré de la culture intensive ? Autour des grands centres de popu-