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à approfondir et à critiquer ce régime qui produit cette absurdité que l’homme, au lieu de profiter de ses richesses cherche à les détruire, pour satisfaire non les intérêts du consommateur, mais ceux des commerçants, des mercantis, des profiteurs.

Ce qui caractérise Fourier, comme personnalité, c’est avant tout la force de sa volonté. L’obstination est le trait dominant de sa nature. Il voyagea beaucoup ; il changea souvent de situation.

Vous vous rappelez les théories de Saint-Simon, son programme de vie : il faut mener la vie la plus variée possible ; il faut passer par des expériences multiples de la vie pour la goûter, pour la connaître toute, et seulement après avoir vécu parfaitement, intensivement, largement, avec toutes sortes de péripéties, formuler la théorie de la vie quand on est déjà à son âge mûr.

Fourier n’avait pas ces théories ; mais on peut dire que les circonstances de sa vie l’ont amené, sans le vouloir, à appliquer en partie, le programme saint-simonien.

C’était un autodidacte ; il avait fait lui-même son instruction. Il cherchait aussi, mais sur une échelle moins vaste que Saint-Simon, à connaître les résultats des sciences principales de son époque. Il avait une curiosité très développée ; il n’y avait qu’une seule chose qu’il n’aimait pas étudier, c’étaient les langues.

Théoricien de l’harmonie universelle, apôtre de l’association, il ne comprenait pas cette « Babel » des langues, cette multiplicité des mots qui désignent la même chose. Lui qui aimait beaucoup à créer des néologismes, il détestait l’étude les langues, trouvant avec raison, que c’est souvent du temps perdu puisque ce ne sont pas de nouvelles idées qu’on acquiert, mais seulement de nouveaux termes.

Il opposait au verbalisme des langues différentes, le réalisme des faits. Et il rêvait une langue universelle qui harmoniserait les efforts humains, au lieu de dresser par la différence de langue, des barrières entre pays, continents et nations.

Dans les sciences mêmes, Fourier distinguait entre les sciences exactes, comme les sciences mathématiques, naturelles et historiques, et les prétendues sciences ou les sciences incertaines, comme la morale, l’économie, la politique et la philosophie.