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Page:Le Socialisme VIII et IX. Les Précurseurs du Socialisme moderne P.-J. PROUDHON - Charles RAPPOPORT.pdf/25

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Il faut cependant noter que dans la Capacité Politique de la Classe ouvrière, on peut constater que Proudhon, a travers toutes ses variations, toutes ses contradictions, a eu, toute sa vie, le culte du peuple travailleur, le culte de la classe ouvrière.

Proudhon a eu trois idées fondamentales, auxquelles il est resté toujours fidèle, ce qui le rend respectable à nos yeux. Il a toujours été partisan de la liberté, de l’égalité, et du peuple travailleur. Il avait toujours le culte du travail, et sa lutte était dirigée contre l’exploitation sous toutes ses formes.

Une autre doctrine fondamentale de Proudhon, c’est le mutuellisme. Il partait de cette idée qu’il faut échanger, sous des principes d’égalité, service contre service, produit contre produit. Proudhon partait de cette idée utopique qu’on peut supprimer toutes les conséquences du capitalisme sans supprimer le capitalisme. Quelle est la conséquence du capitalisme ? C’est le profit, l’intérêt. Alors, il faut supprimer l’intérêt, le profit, il faut que les hommes échangent directement leurs produits, sans que quelqu’un y gagne. Du moment qu’un produit coûte trois francs, il doit être échangé contre un autre produit qui vaut trois francs. Si vous vendez quatre ou cinq francs un produit qui en vaut trois, vous volez. Il ne faut pas qu’il y ait profit. Il faut qu’il y ait échange direct, mutualité. Nous vivons par des services mutuels. Il ne supprime pas le capital. Il dit que le capitalisme, nous rend service. Il nous prête son capital. L’ouvrier rend service au capitaliste en lui prêtant son travail. Il faut qu’il soit récompensé comme quelqu’un qui rend service. Au fond, cela revient à ce qui se passe dans la société capitaliste. On peut dire que jamais Proudhon a démontré d’une façon pratique comment l’exploitation capitaliste peut être supprimée par le mutualisme. Il a posé le principe. Il a dit : supprimons tout intérêt. Mettons service en face de service, produit en face de produit. Mais comment le faire si le capital existe, si le capital emploie des ouvriers ; si le capital est immense, il exploite beaucoup d’ouvriers. Comment, par l’échange de produits, le profit peut être supprimé. C’est là le point